Paroles d'enfants, Philo pour enfants

Récit d’un atelier de philosophie pendant le Temps Périscolaire, à l’école G. Péri

Un groupe de CM2 de l’école Gabriel Péri a philosophé pendant leurs activités périscolaires. Au cours d’un débat sur l’Homme et l’Animal, les enfants ont tenté de comprendre et d’expliquer le comportement animal par rapport au comportement humain. Bien des distinctions ont été faites mais finalement, sommes-nous si éloignés d’eux dans nos comportements et nos modes de vie ?

Voici quelques extraits de leur discussion…

Les enfants paraissent unanimes sur le fait que nous nous distinguons par notre évolution et notre intelligence :

  • « On est plus évolué car on a un endroit de vie particulier, on est plus adapté à la ville qu’à la forêt tropicale. Par exemple un lion est plus adapté à la savane qu’à la ville. Ils chassent, nous on achète au magasin. Il cherchent de l’eau dans des rivières, pas nous. » (Wim)

  • Moi je pense qu’on a ETE un animal mais maintenant non. Avant, on était des sortes de singe et progressivement on a commencé à se développer, à évoluer et après on est devenu un vrai Homme (Maria)

  • On a un cerveau plus évolué

  • On apprend plus de choses qu’eux (Lior)

  • L’intelligence c’est tout ce qui permet […] de faire des techniques. […] nous on a évolué plus vite que les autres ou bien, on est destiné à évoluer comme ça. (Wim)

Mais, au fil de la discussion, les enfants se rendent progressivement compte que la notion d’intelligence n’est pas si évidente à définir et peut varier entre les individus au sein d’une même espèce, mais aussi d’une espèce à l’autre :

  • On a la même intelligence, mais on ne fait pas les mêmes choses avec notre intelligence  (Manon)

  • L’intelligence ne se réduit pas du tout à manger ni à boire (Amine)

  • Les animaux ne sont pas tous intelligents de la même façon et les humains non plus. (Amine)

  • On peut croire que les animaux sont bêtes alors qu’ils sont très intelligents. (Wim)

  • Ca dépend de tel moment, quand on est intelligent. (Maria)

  • C’est pas l’intelligence qui fait que telle chose existe : c’est le développement. Regardez, le poisson rouge : tout le monde dit qu’ils sont bêtes, qu’ils ont une mauvaise mémoire. Sauf que c’est l’un des animaux les plus intelligents. Il sait l’heure : il sait à quel moment on lui donne à manger dans son aquarium. Dès que c’est l’heure, il dirige vers la machine qui distribue la nourriture. (Wim)

Certaines espèces animales ont des comportements et des modes de vie similaires aux notres. Elles forment entre elles, de réélles sociétés où chaque individu a un rôle bien défini. Prenons le cas de la fourmi : comment expliquer cette configuration et cette organisation de leur société presque similaires à l’espèce humaine? Est-il toujours question d’intelligence dans ce cas ?

  • Les fourmis ont juste un mode de développement. Dès qu’elles naissent, elles sont programmées pour faire ça, c’est formaté. (Clément)

  • C’est pas qu’elles sont programmées pour faire ça. Ce n’est pas un robot dont il y a une puce à l’intérieur. C’est comme nous, les abeilles et les fourmis ont créées des évolutions particulières. (Wim)

Il était question au départ de distinction homme-animal par l’intelligence. Cependant, beaucoup de leurs facultés intellectuelles semblent rapprochées des notres. Positionnnons-nous maintenant sur le langage comme comparaison : Les animaux peuvent-ils parler comme nous? Arrivons-nous à communiquer avec eux et à les comprendre ?

  • Comment on peut comprendre pour deviner ce qu’il dit ? (Maria)

  •  Ils ont un langage entre eux » (Lior)

  • Il faut apprendre déjà à les comprendre et eux ils peuvent nous comprendre. Mais eux aussi ils doivent apprendre à nous comprendre.  (Manon)

  •  Quelques fois, les communications sont bien cachées . On comprend des gestes, on comprend des attitudes, et il y a pleins de langages qui existent  (Wim)

  •  Parfois, les animaux ont deux sens de communication. Par exemple, le chat. Vous dites qu’il miaule, c’est vrai. Mais il a un langage avec les humains qui n’est pas seulement miauler : c’est avec les mouvements.  (Wim)

  • On peut comprendre leurs émotions  (Lior)

  • Les animaux ressentent des émotions aussi. Par exemple, j’ai vu une vidéo où il y avait un jouet, une sorte de tyrranosaure. C’était dans une salle de bain et le tyrranosaure avançait. Le chien a eu peur : il a sauté dans la baignoire, il a tiré le rideau ! (Lior)

Les animaux ressentent donc des émotions, notamment la peur. Cette notion de peur est fondamentale dans notre discussion car elle dirige un instinct : l’instinct de survie. L’animal est instinctif. Mais cet instinct, si spontané soit-il, est-il pour autant éloigné de l’intelligence ? A quoi sert-il dans la nature ?

  • Ils ont peur de mourir  (Lior)

  • Quand on a peur, on essaye de trouver un remède pour nous protéger. C’est souvent pour nous protéger.  (Manon)

  • Ils ont le réflexe de courir quand ils ont peur. Ils ont l’intelligence de savoir qu’il y a un danger et qu’il faut fuir. Sans intelligence, on ne peut pas avoir d’instinct. L’instinct est une partie de l’intelligence. C’est l’intelligence qui fait que l’instinct puisse exister !  S’il n’y aurait pas d’intelligence, il n’y aurait pas d’instinct de survie.  (Wim)

  • Notre instinct c’est comme notre cœur, c’est comme des émotions, c’est un repère. Notre instinct nous parle mais sans parole. C’est comme nos parents, c’est comme une obligation . (Maria)

  • C’est comme si les mots étaient intégrés dans la tête . Il y a un sentiment qui monte dans ton cerveau. Ton cerveau t’oblige. (Wim)

Précédemment, les enfants ont démontré que les animaux ressentent des émotions. Mais un sentiment fort tel que l’amour, sont-il capables de l’éprouver?

  •  Il y a de l’amour en eux. C’est comme l’Homme. (Wim)

  • Des fois, je vois dans la rue deux chiens qui sont loins. Ils s’aboient entre eux et je ne sais pas si ils s’aiment ou pas ?

  • Moi je pense que oui parce que la chienne de ma copine est tombée amoureuse d’un chien. Ils sont tombés amoureux vus qu’ils ont fait trois bébés. (Lior)

Pour conclure, à l’aide du bâton de parole, chaque enfant devait exposer l’animal qui le symbolise le plus. Chacun avait ses ressemblances qu’elles soient physiques ou au niveau des traits de caractère. Cet exercice nous a permis de poser l’ultime question philosophique de l’atelier : « l’Homme est-il si éloigné de l’Animal ? »