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Compte-rendu des ateliers “Espaces de pensées” du 31 décembre 2019 et du 3 janvier 2020

La Maison de la Philo vous souhaite une très bonne année… 2020 !

Durant les vacances scolaires, la Maison de la Philo est restée ouverte et a accueillie durant deux matinées, les jeunes âgés de 12 à 15 ans de l’Espace Cachin pour des ateliers « Espaces de pensées ».

 

La matinée du 31 décembre 2019, nous avons fait un grand tribunal de la raison dans lequel les jeunes ont défendu leurs idées par équipe.

La question suivante a été piochée : « A-t-on besoin d’un chef ? »

  • Equipe1 : « Oui, nous avons besoin d’un chef »

  • Équipe 2 : « Non, nous n’avons pas besoin de chef »

  • Équipe 3 : « Nous avons parfois besoin de chef »

Chaque équipe devait défendre sa position à l’aide d’un avocat et répondre ensuite aux questions du juge et des autres équipes.

Voici la retranscription de leur fiche :

  • Equipe 1 : “On a besoin d’un chef”

Réponse développée / Idées Défendues :

On a besoin de chef à la fois au travail, à l’école, à la maison et pour diriger un pays.

Arguments :

– Avec un chef, on peut diriger le travail pour bien le faire

– Si on n’avait pas de chef, on serait irrespectueux à l’école et trop gâté à la maison

– Les chefs sont là pour éviter de nous battre et de faire le bazar

– Si on n’a pas de chef, on ne travaillerait pas

Exemples :

– On est maçon et on transporte du ciment. Le chef nous dirait où le mettre.

  • Equipe 2 : “On n’a pas besoin de chef”

Réponse développée / Idées Défendues :

Nous n’avons pas besoin de chef pour nous débrouiller tout seul.

Arguments :

– Nous n’avons pas besoin de chef parce que nous connaissons déjà nos droits et devoirs

– Nous savons ce qu’on n’a pas le droit de faire.

– Pour s’amuser car on est libre

– Nous sommes libres de parler et de nous exprimer.

Exemples :

– Nous pouvons nous déplacer sans avoir besoin de chef

– Pour utiliser des appareils électroniques, on n’a pas besoin de chef car on sait s’en servir tout seul.

  • Equipe 3 : “On a parfois besoin de chef”

Réponse développée / Idées Défendues :

On a à la fois besoin de chef et pas besoin de chef selon certains domaines.

Arguments :

– On n’a pas besoin de chef dans un groupe d’amis car il déciderait de tout et les autres ne pourront rien dire.

– On a besoin de chef pour diriger des pays, sinon il n’y aurait pas de règles.

– Nous avons besoin d’un chef au travail sinon les gens ne respecteraient les règles.

Exemples :

– On va au cinéma avec nos amis et le chef décide de tout. Au final, il prend sa décision tout seul, sans écouter les autres.

– Au travail, quelqu’un qui n’a pas de chef ne respecte par les horaires : il vient quand il veut et part quand il veut.

Le vendredi 3 janvier 2020, nous avons entamé une discussion votée à l’unanimité par les jeunes : « Faut-il toujours dire la vérité ? »

Avant de commencer, un test comportant 15 situations (Exemple : « A un(e) ami(e) qui a acheté un nouvelle paire de chaussures qui ne lui vont pas. Est-ce que tu lui dis la vérité ? ») leur était distribué. Pour chaque situation, il leur était demandé s’il fallait dire la vérité ou inventer un mensonge. La calcul des “oui” (« il faut dire la vérité ») et des “non” (« il faut inventer un mensonge ») permettait de déterminer un profil de philosophe proche de leurs idées : Etes-vous Kant ou Bentham ?

Voici ci-dessous, de quoi il s’agissait :

Déontologisme

= on s’intéresse aux intentions

Conséquentialisme ou utilitarisme

= on s’intéresse aux conséquences, à l’utilité

Emmanuel KANT

Jérémy BENTHAM

Selon Kant, il faut toujours dire la vérité, quelque soit la situation devant laquelle nous faisons face. Il faut agir selon une règle qui s’appliquerait à tous. Si l’on fait exception, nous ne respectons plus cette règle. Cela véhiculerait l’idée que chacun aurait ses propres règles et plus personne ne respecterait celles dictées dans la loi.

Une bonne règle est une règle que nous pouvons appliquer à tous. Quelle règle veut-on donc appliquer à tous ? La règle de la vérité ou la règle du mensonge ???

Il faut passer le test d’universalisation devant chaque situation : est-ce que je veux que cela soit une règle universelle ? Est-ce que je veux appliquer cette règle au monde entier ? Un monde où dire la vérité n’est qu’un choix individuel et plus une règle fondamentale à suivre par tous et à tout moment est un monde qui ne suis plus aucune morale.

Extrait de Fondements de la Métaphysique des Moeurs, 1785 de Kant : « Je dois toujours me conduire de telle sorte que je puisse aussi

vouloir que ma maxime devienne une loi universelle. »

Majorité de « Oui » dans le test

Selon Bentham, il faut réfléchir aux conséquences de la vérité, c’est-à-dire aux effets qu’elle va produire. On s’intéresse à la façon dont va réagir l’individu qui va recevoir cette vérité. Elle peut parfois faire plus de mal que de bien. On peut donc s’autoriser à mentir du moment que ce soit pour une cause juste.

Devant chaque situation, il faut se poser la question suivante : est-ce utile de dire la vérité ? (d’où la notion d’utilitarisme) Si non, il est évident qu’il ne vaut mieux donc pas la dire.

Bentham propose donc l’idée suivante : il faut prendre en compte les conséquences pour tous et pas pour une personne particulière. Il faut viser le bonheur du plus grand nombre de personnes. Autrement dit, il faut agir de sorte à produire le bonheur de la majorité : peu importe si cette majorité vit dans un mensonge, du moment qu’il n’y a pas de peine.

Un mensonge est parfois préférable pour ne pas blesser les autres… et peut même sauver des vies !

Majorité de « Non » dans le test

Ces situations nous ont permis de réfléchir ensemble sur cette question au cour d’une discussion. Ci-dessous, un schéma synthétique de leurs idées :

Synthèse atelier espace de pensées 3 janvier 2020

 

Une semaine très riche en philo pour ados !