Les Rendez-vous des P'tits Philosophes, Non classé, Paroles d'enfants

Rendez-vous des P’tits Philosophes du samedi 25 janvier : une vie exemplaire

Ce matin, les P’tits Philosophes se sont réunis autour d’une notion difficile, celle de l’exemplarité, qu’ils ont dénouée de façon exemplaire. Nous partageons ci-dessous quelques réflexions partagées.

 

Qu’est-ce que signifie « être exemplaire » ?

exemplaire

« Être exemplaire, c’est être généreux, organisé, et gentil. Ce n’est pas forcément les grands qui montrent l’exemple, les grands peuvent parfois faire n’importe quoi et ne pas montrer l’exemple aux petits. Des fois ça peut aussi être les petits finalement qui montrent l’exemple. » Maïa

« Être exemplaire dépend de plein de choses. D’un endroit à un autre : une personne sage va prendre la ligne droite, elle montrera l’exemple en étant droite, une autre personne prendra un chemin plutôt original qui fera tout un détour, elle montrera l’exemple en faisant des choses que personne ne peut faire, et une autre va prendre le même chemin que tout le monde, qui n’est pas si étonnant mais qui n’est pas une ligne droite, qui déraille un peu, il va montrer aux autres le chemin commun. »

« Pour être exemplaire, il faut avoir confiance à soi, être courageux, avoir des idées, mais aussi des émotions. » Anna

« Être exemplaire c’est être sage mais pouvoir faire des erreurs. C’est en faisant des erreurs et en les corrigeant qu’on est exemplaire. » Héloïse

« Pour moi, il n’y a pas d’exemple fixe, chacun a le sien. Mais on peut dire qu’il faut faire ce qui est bien, ce qui est juste pour nous. » Nils

« C’est soi-même l’exemple pour nous. On doit être son propre exemple. » Anna

« On peut être exemplaire mais on ne sera jamais parfait. » Louis

 

A partir de la remarque d’Héloïse les enfants en sont venus à discuter de la place de l’erreur dans la vie exemplaire.

« On n’est pas obligé d’être sage pour être exemplaire. On peut faire des bêtises. Parce qu’on apprend de ses erreurs. On peut aller de travers et revenir sur le droit chemin. On peut ne pas être exemplaire et devenir exemplaire. » Maïa

« Le meilleur des maîtres c’est l’échec. C’est en apprenant de ses erreurs qu’on peut devenir exemplaire. » Amaranthe

« On peut faire des erreurs et montrer l’exemple. Les erreurs, ça nous permet d’apprendre. » Yassine

« Pour devenir exemplaire, il faut faire des erreurs, mais pas des erreurs volontaires. » Aouès

« Être exemplaire c’est se rendre compte de ses erreurs. » Cheddi

« Avant de critiquer les autres, il faut se critiquer soi-même. Il faut être son propre exemple et aussi prendre les autres en exemple pour s’améliorer. » Simon

« Faire une bêtise ça peut être exemplaire quand ça sert d’exemple à ne pas faire. » Simon

« Si on fait une erreur et qu’on sert d’exemple à ne pas faire, on est un mauvais exemple, et donc pas exemplaire. » Gabriel

« Pour moi, les personnes exemplaires n’existent qu’à moitié : on peut tout aussi bien montrer le bon que le mauvais exemple. On montre tous le mauvais exemple une fois dans notre vie. » Maïa

« On ne peut pas donner de conseils aux autres qu’on n’applique pas nous-même. Il faut voir ses erreurs avant de vouloir corriger celles des autres. » Maïa

« Ce n’est pas forcément parce qu’on fait des bêtises qu’on n’est pas exemplaire. Chacun suit l’exemple qui lui semble bon. » Nils

 

Les P’tits Philosophes en sont alors venus à se demander ce qui permettait de savoir qu’un exemple était bon ou mauvais.

« Un mauvais exemple c’est quand quelqu’un montre de très mauvaises bêtises, ce qu’il ne faut pas faire, pour que quelqu’un qui ne connaît pas le bon exemple fasse pareil. » Lisa

« Un mauvais exemple c’est quelque chose de pas bien mais en même temps qui est facile à recommencer, qu’on ne peut pas s’empêcher de refaire. » Gabriel

« Il n’y a pas de bons ni de mauvais exemple. C’est à nous de choisir, on n’aura pas tous les mêmes arguments. On peut faire des choses et avoir des regrets, les regrets ça construit notre vie. » Anna

« Chacun pense différemment donc on ne peut pas savoir ce qui est absolument un bon ou mauvais exemple. Il faut le préciser pour nous. » Maïa

« Il n’y a pas de bon ou de mauvais exemple en général parce que c’est une question de point de vue. » Amaranthe

 

Nous vous remercions les P’tits Philosophes pour ces réflexions aussi passionnées que passionnantes, un extraordinaire exemple pour nous du pouvoir de philosopher des enfants !

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Rendez-vous des P’tits Philosophes du samedi 18 janvier : Prendre son temps

Samedi 18 janvier, les P’tits philosophes ont pris leur temps afin de se réunir justement autour du thème : prendre son temps. Nous partageons ci-dessous le chemin de pensée patiemment développé ensemble à cette occasion.

 

Qu’est-ce que le temps ?

« Le temps ce n’est pas des aiguilles, les aiguilles c’est ce qui nous permet de mesurer le temps. Le temps est une chose infinie qu’on ne peut pas regarder, qui est là sans vraiment être ici. » Yassine

« Le temps ça peut aller vite et lentement. » Pacôme

« Pour une personne, le temps c’est quelque chose qui commence et qui s’arrête. » Cheddi

« Le temps c’est plein de moments, dans ces moments il y a les heures, les minutes, les secondes, et ils se collent tous » Tessa

« Le temps c’est quelque chose d’invisible et qui passe sans arrêt. Il ne s’arrête jamais » Clara

« Pour moi le temps c’est quelque chose qui ne s’arrête jamais. Même si tout s’arrêtait il y aurait toujours du temps qui passe. » Gabriel

« Pour nous, le temps un jour s’arrête, mais pour le monde il continue à passer parce que pendant qu’on s’arrête le temps passe. » Gabriel

« Il y a deux façons de voir le temps, il y a ceux pour qui le temps peut tout faire, il se faufile partout, et il y a le temps à l’intérieur de nous-même qui peut passer vite, lentement et s’arrêter. » Chloé

« Le temps peut être partout et avec chaque personne en même temps. » Clara

« Chacun voit différemment le temps. C’est notre temps à nous qui passe différemment alors que le temps du monde avance toujours régulièrement. Quand on fait quelque chose qu’on aime, notre temps à nous passe vite alors que quand on s’ennuie, il passe lentement. » Chloé

« Le temps du monde avance toujours à la même vitesse alors que le temps pour nous aller à différentes vitesses quand tu t’amuses trop par exemple tu ne vois pas le temps passer. » Pacôme

 

Qu’est-ce que « prendre son temps » ?

« Prendre son temps c’est ne pas être pressé. » Clara

« Prendre son temps c’est être tranquille » Chloé

« Quand on prend son temps, ce n’est ne pas se dépêcher, contrôler son temps à soi, s’organiser dans son temps. » Héloïse

« Prendre son temps c’est une expression pour dire qu’on va essayer d’y passer plus de temps pour avoir moins de chances de se tromper et plus de chances de réussir. On ne peut pas l’attraper, mais on peut essayer de rallonger notre temps à nous pour faire plus de choses. » Maïa

« Prendre son temps c’est aller lentement, du sens, ne pas se dépêcher, ne pas presser. » Pacôme

« Prendre son temps ça veut dire bien réfléchir et aller tout doucement » Harvey

 

 

Est-ce important de prendre son temps ?

« C’est important de prendre son temps parce que ça nous permet de faire des choses pour soi. » Héloïse

« Si on ne prend pas son temps on est toujours pressé donc c’est important d’avoir des moments où on prend son temps. » Tessa

« C’est important d’avoir des moments pour soi où on fait ce qu’il nous plaît. C’est important de prendre son temps. » Maïa

« Ça peut parfois être important de prendre son temps quand on veut faire quelque chose bien, par exemple fabriquer un cadeau pour quelqu’un » Pacôme

« C’est important de prendre parfois son temps mais pas toute la vie entière parce que sinon on ne pourra plus rien faire entièrement » Gabriel

« Il y a des moments où c’est important de prendre son temps, et des moments où on ne doit pas prendre notre temps. » Simon

 

Merci les P’tits Philosophe pour cette passionnante discussion, nous sommes ravies ici, à la Maison de la Philo, que vous preniez le temps de partager vos idées, d’ouvrir vos pensées, de venir vous questionner, chaque samedi à nos côtés !

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Rendez-vous des P’tits Philosophes du samedi 11 janvier 2020 : “L’égalité est-elle toujours juste?”

Pour ce premier Rendez-vous des P’tits Philosophes de l’année 2020, les enfants ont réfléchi ensemble sur le concept de Justice, autour de la question suivante: “L’égalité est-elle toujours juste?”

Nous avons commencé un petit jeu de mise en situations où les enfants ont du évaluer pour chaque situation s’ils trouvaient chacune d’elle juste ou injuste et trouver l’argument qui justifie leur jugement.

Fiche situation Justice Philéas Autobule

Source : Philéas et Autobule “Comment être juste ?” n°41- octobre-novembre 2014
https://www.phileasetautobule.be/numero/41-comment-etre-juste/

Ce petit jeu nous a permis de nous demander ce qui est juste. Voici certaines de leurs réponses :

  • Ce qui est juste, c’est respecter les règles de la vie, les règles de la classe et ce qu’ils veulent.” Harvey
  • C’est ce qui est égal : tout le monde reçoit la même part.” Rayan
  • Que le monde respecte qui on est et les choix du destin. C’est respecter ce que les autres sont.” Nils
  • Ce qui est juste, c’est que chacun puisse vivre avec ce dont il a besoin pour vivre sans en avoir excessivement.” Maïa
  • Ce qui n’est pas juste, c’est que les gens qui ont un travail difficile ne soient pas bien payés. Ce qui serait juste, est qu’on soit payé de la même façon pour le même travail.” Louis
  • Tout le monde devrait avoir la même somme à gagner.” Cheddi

 

… L’égalité est-elle donc toujours juste ? 

  • Ce serait impossible d’être tous égaux, d’avoir la même somme. La justice c’est possible pour les petites choses et plus dur pour les grandes choses.” Tessa
  • Si le monde était juste, on ferait un grand pas en avant. L’égalité, c’est chacun a sa part et la même, donc elle n’est pas toujours juste.” Nils
  • C’est dur à réaliser la justice. Il y en a toujours certains qui s’imposeront aux autres: certaines intentions seront justes, certaines seront injustes. Et il y aura toujours quelqu’un qui ne sera pas d’accord. ça dépend de la personnalité de chacun. ” Maïa
  • Le partage avec les autres n’est pas toujours juste.” Vadim
  • L’égalité ne peut jamais être parfaite car c’est dur de l’avoir.” Aouès

 

Merci les Petits Philosophes pour ces belles idées ! A la semaine prochaine avec la question: Est-ce un art de prendre son temps ?”

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Compte-rendu des ateliers “Espaces de pensées” du 31 décembre 2019 et du 3 janvier 2020

La Maison de la Philo vous souhaite une très bonne année… 2020 !

Durant les vacances scolaires, la Maison de la Philo est restée ouverte et a accueillie durant deux matinées, les jeunes âgés de 12 à 15 ans de l’Espace Cachin pour des ateliers « Espaces de pensées ».

 

La matinée du 31 décembre 2019, nous avons fait un grand tribunal de la raison dans lequel les jeunes ont défendu leurs idées par équipe.

La question suivante a été piochée : « A-t-on besoin d’un chef ? »

  • Equipe1 : « Oui, nous avons besoin d’un chef »

  • Équipe 2 : « Non, nous n’avons pas besoin de chef »

  • Équipe 3 : « Nous avons parfois besoin de chef »

Chaque équipe devait défendre sa position à l’aide d’un avocat et répondre ensuite aux questions du juge et des autres équipes.

Voici la retranscription de leur fiche :

  • Equipe 1 : “On a besoin d’un chef”

Réponse développée / Idées Défendues :

On a besoin de chef à la fois au travail, à l’école, à la maison et pour diriger un pays.

Arguments :

– Avec un chef, on peut diriger le travail pour bien le faire

– Si on n’avait pas de chef, on serait irrespectueux à l’école et trop gâté à la maison

– Les chefs sont là pour éviter de nous battre et de faire le bazar

– Si on n’a pas de chef, on ne travaillerait pas

Exemples :

– On est maçon et on transporte du ciment. Le chef nous dirait où le mettre.

  • Equipe 2 : “On n’a pas besoin de chef”

Réponse développée / Idées Défendues :

Nous n’avons pas besoin de chef pour nous débrouiller tout seul.

Arguments :

– Nous n’avons pas besoin de chef parce que nous connaissons déjà nos droits et devoirs

– Nous savons ce qu’on n’a pas le droit de faire.

– Pour s’amuser car on est libre

– Nous sommes libres de parler et de nous exprimer.

Exemples :

– Nous pouvons nous déplacer sans avoir besoin de chef

– Pour utiliser des appareils électroniques, on n’a pas besoin de chef car on sait s’en servir tout seul.

  • Equipe 3 : “On a parfois besoin de chef”

Réponse développée / Idées Défendues :

On a à la fois besoin de chef et pas besoin de chef selon certains domaines.

Arguments :

– On n’a pas besoin de chef dans un groupe d’amis car il déciderait de tout et les autres ne pourront rien dire.

– On a besoin de chef pour diriger des pays, sinon il n’y aurait pas de règles.

– Nous avons besoin d’un chef au travail sinon les gens ne respecteraient les règles.

Exemples :

– On va au cinéma avec nos amis et le chef décide de tout. Au final, il prend sa décision tout seul, sans écouter les autres.

– Au travail, quelqu’un qui n’a pas de chef ne respecte par les horaires : il vient quand il veut et part quand il veut.

Le vendredi 3 janvier 2020, nous avons entamé une discussion votée à l’unanimité par les jeunes : « Faut-il toujours dire la vérité ? »

Avant de commencer, un test comportant 15 situations (Exemple : « A un(e) ami(e) qui a acheté un nouvelle paire de chaussures qui ne lui vont pas. Est-ce que tu lui dis la vérité ? ») leur était distribué. Pour chaque situation, il leur était demandé s’il fallait dire la vérité ou inventer un mensonge. La calcul des “oui” (« il faut dire la vérité ») et des “non” (« il faut inventer un mensonge ») permettait de déterminer un profil de philosophe proche de leurs idées : Etes-vous Kant ou Bentham ?

Voici ci-dessous, de quoi il s’agissait :

Déontologisme

= on s’intéresse aux intentions

Conséquentialisme ou utilitarisme

= on s’intéresse aux conséquences, à l’utilité

Emmanuel KANT

Jérémy BENTHAM

Selon Kant, il faut toujours dire la vérité, quelque soit la situation devant laquelle nous faisons face. Il faut agir selon une règle qui s’appliquerait à tous. Si l’on fait exception, nous ne respectons plus cette règle. Cela véhiculerait l’idée que chacun aurait ses propres règles et plus personne ne respecterait celles dictées dans la loi.

Une bonne règle est une règle que nous pouvons appliquer à tous. Quelle règle veut-on donc appliquer à tous ? La règle de la vérité ou la règle du mensonge ???

Il faut passer le test d’universalisation devant chaque situation : est-ce que je veux que cela soit une règle universelle ? Est-ce que je veux appliquer cette règle au monde entier ? Un monde où dire la vérité n’est qu’un choix individuel et plus une règle fondamentale à suivre par tous et à tout moment est un monde qui ne suis plus aucune morale.

Extrait de Fondements de la Métaphysique des Moeurs, 1785 de Kant : « Je dois toujours me conduire de telle sorte que je puisse aussi

vouloir que ma maxime devienne une loi universelle. »

Majorité de « Oui » dans le test

Selon Bentham, il faut réfléchir aux conséquences de la vérité, c’est-à-dire aux effets qu’elle va produire. On s’intéresse à la façon dont va réagir l’individu qui va recevoir cette vérité. Elle peut parfois faire plus de mal que de bien. On peut donc s’autoriser à mentir du moment que ce soit pour une cause juste.

Devant chaque situation, il faut se poser la question suivante : est-ce utile de dire la vérité ? (d’où la notion d’utilitarisme) Si non, il est évident qu’il ne vaut mieux donc pas la dire.

Bentham propose donc l’idée suivante : il faut prendre en compte les conséquences pour tous et pas pour une personne particulière. Il faut viser le bonheur du plus grand nombre de personnes. Autrement dit, il faut agir de sorte à produire le bonheur de la majorité : peu importe si cette majorité vit dans un mensonge, du moment qu’il n’y a pas de peine.

Un mensonge est parfois préférable pour ne pas blesser les autres… et peut même sauver des vies !

Majorité de « Non » dans le test

Ces situations nous ont permis de réfléchir ensemble sur cette question au cour d’une discussion. Ci-dessous, un schéma synthétique de leurs idées :

Synthèse atelier espace de pensées 3 janvier 2020

 

Une semaine très riche en philo pour ados !