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Rendez-vous des P’tits Philosophes du samedi 6 février : “Qu’est-ce qui nous pousse à bien agir ?”

Le samedi 6 février, les P’tits Philosophes se sont retrouvés une dernière fois avant les vacances d’hiver pour réfléchir sur ce qui nous pousse à faire de bonnes actions.

Pour mener la réflexion, nous avons débuté l’atelier par le récit de l’anneau de Gygès, une expérience de pensée imaginée par Platon, philosophe de l’Antiquité grecque.

Voilà l’histoire :

Gygès était un berger au service du roi de Lydie. Un jour, au cours d’un violent orage accompagné d’un tremblement de terre, le sol de fendit et il se forma une grande ouverture près de l’endroit où il gardait son troupeau. Plein d’étonnement, il y descendit, et, entre autres merveilles, il vit un cheval de bronze : creux, percé de petites portes. S’étant penché vers l’intérieur, il y aperçut un cadavre de taille plus grande, semblait-il, que celle d’un homme, et qui avait à la main, une bague en or. Il s’en empara et partit sans pendre autre chose. Quelques jours plus tard, portant son anneau au doigt, Gygès se rendit à l’assemblée mensuelle des bergers où l’on informait le roi de l’état de ses troupeaux. Ayant pris place au milieu des autres, il tourna par hasard le chaton de la bague vers l’intérieur de sa main. Aussitôt, il devint invisible à ses voisins qui parlèrent de lui comme s’il était parti. Etonné, il mania de nouveau la bague, tourna le chaton vers l’extérieur et redevint visible. S’étant rendu compte de cela, il répéta l’expérience plusieurs fois pour voir si l’anneau avait bien ce pouvoir magique. Le même prodige se reproduisit : en tournant l’anneau en dedans, il devint invisible, en dehors, visible.

Avant de dévoiler la fin de l’histoire, les p’tits Philosophes ont formulé des hypothèses sur ce que pourrait faire Gygès grâce au pouvoir d’invisibilité de l’anneau.

L’hypothèque d’Orphée est que Gygès va voir le roi pour l’impressionner et lui dire qu’il veut lui aussi être roi.

Solel pense que Gygès va vouloir voler la couronne du roi car en général, on aime bien avoir le pouvoir.

Selon Pacôme, Gygès va faire des blagues à ses amis et du coup, ils seront impressionnés. Il va s’en servir pour les embêter ou pour rigoler.

Pour Jade, il va peut-être se venger des gens qui lui ont fait des trucs méchants, en faisant des blagues. Par exemple, il irait chez eux, il leur ferait peur en allumant les lumières. Les gens ne reviendraient plus et arrêteraient de l’embêter.

Paula imagine qu’il n’est pas riche : il pourrait voler des fruits !

Parmi toutes ces hypothèses, il a été demandé aux p’tits philosophes de nous expliquer celle qui leur paraissait la plus probable.

Bonnie reprend l’hypothèse de Jade : si Gygès entre dans la maison d’un autre, on verrait que la porte s’ouvre et on tenterait de l’assommer.

Mais Orphée rétorque que c’est possible de croire que c’est le vent qui a ouvert la porte.

Pacôme pense que c’est plus probable que Gygès vole la couronne du roi et les richesses.

Pour Paula, l’hypothèse de Jade est probable car quand des personnes nous embêtent, on n’arrive pas à se défendre. S’il devient invisible, c’est probable qu’il aille se venger.

Il a ensuite été demandé aux enfants d’imaginer ce qu’ils feraient eux-mêmes s’ils avaient le pouvoir d’être invisible.

Orphée attendrait le 1er avril pour faire un poisson d’avril et prendrait tout son temps pour préparer sa blague.

Baptiste volerait tout, même des dinosaures !

Yassine préfèrerait détruire l’anneau car personne ne mérite un pouvoir qui le rend supérieur aux autres. En effet, avoir un choix que les autres n’ont pas nous rend supérieur.

Pacôme, lui, ferait du bien. Il sauverait les gens et les animaux. Comme Robin des Bois, il volerait pour aider les autres.

Paula en profiterait pour embêter ceux qui embêtent les autres pour leur montrer ce que ça fait.

Jade reformule les idées de Paula en disant que ce serait embêter pour faire comprendre que ça ne se fait pas de faire ça et que, peut-être, la personne ne recommencerait pas. Jade irait, quant à elle, voir les gens harcelés pour les aider.

Yassine réagit aux idées de Paula et Jade. Cela lui évoque le fait de se venger. La personne qui a reçu du mal punit, attaque celui qui a fait du mal.

Mais pour Paula, la vengeance c’est tout de même un petit peu plus violent.

Nous pointons ici un problème : est-ce qu’embêter quelqu’un pour lui faire comprendre ce que ça fait d’être embêté et se venger c’est la même chose ? A méditer lors d’un autre atelier !

La fin du mythe a ensuite été dévoilé :

 Alors, avec l’aide de cet anneau magique, il (Gygès) arriva à se glisser parmi les messagers qui se rendaient auprès du roi. Arrivé au palais, il séduisit la reine, complota avec elle la mort du roi. Le tua. Et obtint le pouvoir.

A partir de ce récit de l’anneau de Gygès, les P’tits philosophes ont été mis au défi de réfléchir sur les problèmes, les questions philosophiques que pourraient poser cette histoire.

Pour Orphée, Platon a voulu aborder le problème de la violence.

Jade constate qu’avoir un pouvoir, ça veut dire être au-dessus de tout, qu’on a plus de capacités que les autres.

Pacôme propose la question « Faut-il toujours prendre le pouvoir ? »

Une autre grande question philosophique peut se poser à la suite de cette histoire et qui est notamment celle du jour : « Qu’est-ce qui nous pousse à bien agir ? »

Gygès aurait pu bien agir au lieu de tuer le roi, nous dit Solel.

Paula pense que ce qui a poussé Gygès à faire le bien ou le mal est le pouvoir d’invisibilité.

Pour Orphée, on en profite de le faire car des fois on ne peut pas.

Pacôme nous explique que ce qui nous pousse à faire du bien c’est parce qu’on a envie d’être gentil avec les autres, comme ça, ça fait la paix dans le monde. Parce qu’on nous a aidé, on a envie de faire pareil.

Yassine estime qu’on fait le bien et le mal pour nous, quand on a l’opportunité. On agit pour l’occasion d’obtenir quelque chose.

Mais au fond, qu’est-ce qui pousse Gygès à agir comme il l’a fait ? Qu’est-ce que ça change d’être invisible ?

Orphée nous dit que ça change parce que c’est rare et donc qu’on en profite.

Paula pense qu’en étant invisible on peut faire beaucoup plus de choses qu’en étant visible, c’est plus facile.

Selon Pacôme, quand personne ne peut nous voir, on peut faire n’importe quoi.

Paula admet qu’être invisible peut nous apporter beaucoup de choses mais ajoute cependant qu’il y a des choses qui ne changeraient pas.

Enfin, Yassine nous dit qu’avoir le choix entre invisible ou visible permet d’avoir une supériorité. Par exemple, on peut choisir selon notre envie que les autres sachent ou pas que c’est nous.

Merci aux p’tits philosophes d’avoir partagé leurs pensées ! On s’accorde des vacances pour se demander à la rentrée : « Que gagne-t-on en travaillant ? »